samedi 11 mai 2019

Drancy 1941-1944 : un camp aux portes de Paris

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Avec ses immeubles de 14 étages en forme de gratte-ciel, la Cité de la Muette, construite dans les années 30, constitue le fleuron architectural de l'époque. Sa structure principale, en forme de U, pourtant inachevée par manque de crédits, servira d'abord de camp d'internement, à partir de juillet 40, pour les prisonniers de guerre français et britanniques, avant de devenir exclusivement, à partir de juillet 41, un camp d'internement destiné aux juifs issus des rafles organisées en France dès 1941. Près de 80 000 Juifs y séjourneront pendant la guerre. Drancy n'est pas un camp de concentration à proprement parler, mais un lieu de transit, une sorte de plaque tournante, à partir de laquelle des convois de déportés sont envoyés à destination d'Auschwitz-Birkenau, principalement. Ainsi, Drancy se constitue un vivier de Juifs destinés à la déportation, mais ces derniers servent aussi d'otages destinés à être exécutés en représailles aux attentats de la Résistance française.


Pourles 4200 premiers internés, les conditions sanitaires sont effroyables. Manque d'hygiène. On ne compte que 60 cabinets pour tout l'ensemble. Manque de lit. De nourriture. On y meurt de faim et de maladie. La famine est sciemment organisée.

Les enfants sont livrés à eux-mêmes. Des femmes sont violées. Des hommes se livrent à des partouzes homosexuelles dans une débauche d'orgie sexuelle. Ce qui n'empêche pas certaines histoires d'amour de voir le jour.  (Voir le livre qu'a écrit Raphaël Esrail, l'Espérance d'un baiser)



Drancy est dans un premier temps placé sous la direction de la Préfecture de police, même si ce sont les Allemands qui tirent les ficelles. Mais à partir de juin 43, le camp passe sous l'autorité directe des SS. C'est Aloïs Brunner, responsable de la déportation des Juifs en France, qui prend les choses en main. Celui qui fut le bras droit d'Adolf Eichmann installe un véritable climat de terreur. Surtout, il change les règles et délègue l'organisation du camp à un conseil juif, choisi parmi les internés. C'est Robert Blum, colonel à la retraite et frère du célèbre Léon Blum, qui sera nommé commandant, et chargé de l'ordre et de la sécurité à l'intérieur du camp. Il donnera la pleine mesure de son autorité dans une audacieuse tentative d'évasion mettant en œuvre toute une équipe d'hommes dans la construction d'un tunnel, à la barbe des nazis...  

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Comme le dit si bien un rescapé, Drancy, c'est le terminus avant le néant. Tous les déportés ignorent leur lieu de destination. Tout au plus, savent-ils qu'ils partent quelque part vers l'Est, très loin vers l'Est. Les Allemands leur faisant croire qu'ils allaient travailler dans des camps. Pour évoquer ce territoire inconnu, les déportés utilisent le terme yiddish de Pitchipoï, le pays de nulle part, le bled perdu, le trou du cul du monde, qui évoque cette terre lointaine et mystérieuse, vers laquelle semblent converger tous les convois de trains. Un voyage vers l'inconnu certes, mais quand on a commencé à déporter vieillards et enfants, il devint presque clair qu'il n'y avait rien de bon à attendre d'un tel voyage...
Finalement, ce sont près de 67 000 Juifs qui seront déportés de Drancy, dont près de 10 000 enfants.
Ironie de l'Histoire, le camp de Drancy devient après la guerre, jusqu'en 1946, un camp d'internement pour collabos. Épuration oblige. Mais ça, c'est déjà une autre histoire.


Bonus :   


Drancy, dernière étape avant l'abîme  :   la réalisatrice  Cécile Clairval-Milhaud s'attache à restituer l'histoire du camp,  grâce notamment aux survivants venus témoigner.  (Remux DVD - MKV - 58 mn)

Les évadés de Drancy :  une improbable tentative d'évasion fomentée par une poignée d'internés qui ont eu la folie de creuser un tunnel pour pouvoir s'échapper. Le doc relate dans ses moindres détails cet épisode méconnu qui s'affirme pourtant bel et bien comme un acte de résistance.   (HDTV - ts - 51 mn)

- Le camp de la Cité de la Muette à Drancy. (Pdf -12p)
- Drancy  :  l'historienne Annette Wieviorka ravive le souvenir en nous exposant la vie quotidienne du camp. (France Culture -59 mn - Flac)

- Les passeurs de mémoire, histoire d'une déportation :  hommage à la mémoire de Simon Zalamansky, déporté à Auschwitz en 1944, et mort à Dachau en mars 45.  (France Culture - Flac -  54 mn)
- Les rafles de l'été 42. (France Culture - Flac - 54mn)

-  Deux livres que je vous conseille : 
À l'intérieur du camp de Drancy par Annette Wieviorka   et  Voyage à Pitchipoï par Jean-Claude Moscovici.

Kermite.

Lien :


https://1fichier.com/?9z6oru4a5r39t5fayplc

HDTV (1440x1080)










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